Une coopérative pour l’abattoir régional des Moulins
comite_abattoir La coopérative de l’abattoir régional Gruyère Pays-d’Enhaut Ormonts a été créée le 16 février aux Moulins.

51 souscripteurs se sont d’ores et déjà engagés et ont élu un comité de 5 personnes chargé d’organiser la reprise de l’exploitation de l’abattoir des Moulins, propriété de la commune de Château-d’Oex.

La commission agricole du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut s’est inquiétée au printemps 2015 de l’évolution de l’abattoir des Moulins, le dernier du Parc. Il lui paraissait important de veiller à la sauvegarde de cet équipement précieux pour les éleveurs de la région et pour préserver le potentiel de mise en valeur locale de la viande. Deux groupes de travail du Parc se sont succédés pour analyser la situation et préparer, en étroite collaboration avec la commune, un projet de réorganisation de la gestion de cet abattoir construit en 1998. Eleveurs, bouchers de toutes les régions concernées, représentants du service vaudois de l’agriculture et des autorités municipales de Château-d’Oex, Rossinière, Rougemont, Ormont-Dessus, Ormont-Dessous, Leysin, Bas Intyamon et Châtel sur Montsalvens : prémisse encourageant, ce sont plus de 80 personnes qui ont participé le 16 février au restaurant de la Croix d’Or aux Moulins à la présentation des travaux de ces groupes, par Didier Girard, collaborateur du Parc en charge de ce projet, Stéphane Henchoz, municipal de Château-d’Oex et Steeve Daenzer, jeune agriculteur des Moulins.

L’analyse de la situation a confirmé la diminution inquiétante des abattages constatée depuis 2010 aux Moulins. Le profil forces faiblesses a permis d’en identifier les principales causes, liées à des problèmes d’organisation, de tarifs et d’équipement. L’analyse de la situation des abattoirs de Gstaad et Vaulruz et un sondage adressé aux agriculteurs des Ormonts, du Pays-d’Enhaut et de la partie fribourgeoise du Parc a confirmé le potentiel de l’abattoir des Moulins. En effet 61 éleveurs se sont déclarés intéressés d’y abattre des animaux, pour un total de 175 bovins, 225 porcs et 150 têtes de menu bétail et cerfs, ce qui correspond grosso modo au cheptel abattu en 2010, soit plus du double de l’abattage de 2015.

Considérant notamment l’importance d’un abattoir de proximité pour les abattages d’urgence (cheptel important de bovins au Pays-d’Enhaut et environs, notamment en estivage), la nécessité pour le Pays-d’Enhaut de garder un service des déchets carnés, l’intérêt pour les agriculteurs du Pays-d’Enhaut, des Ormonts et de la haute Gruyère fribourgeoise de disposer d’un abattoir de proximité (réduction du coût des transports, bien-être des animaux, qualité de la viande), l’intérêt général pour les produits de proximité et/ou les labels régionaux (Pays-d’Enhaut Produits Authentiques et label Parc),  l’évolution de la demande des agricultrices et des clients, qui préfèrent recevoir un produit fini, sous vide, prêt à mettre dans le congélateur ou à être consommé, le potentiel de croissance des abattages et la volonté de garder la valeur ajoutée de la transformation dans la région (potentiel pour +/- un emploi, avec perspective de développement), le premier groupe de travail du Parc a conclu sans hésitation à la nécessité de s’organiser pour sauver et redynamiser cet abattoir de montagne.

Après la visite de l’abattoir du Lac Noir, construit et exploité par une coopérative d’éleveurs et bouchers, le second groupe de travail a donc défini un programme d’amélioration de l’abattoir existant, consistant essentiellement en une écurie et un système de déchargement et de contention des animaux plus pratiques et mieux adaptés à l’évolution de l’élevage, notamment avec les vaches allaitantes. Ces améliorations présentées par la commune feront l’objet d’une décision du conseil communal de Château-d’Oex le 18 mai, les travaux devraient être réalisés pendant l’été.

Concernant l’exploitation de l’abattoir il est prévu que tous les abattages soient confiés à un boucher engagé pour gérer l’abattoir. Les autres bouchers ou agriculteurs auront comme aujourd’hui la possibilité d’utiliser le local de transformation et la chambre froide (location sans le service). Par ailleurs l’exploitant devra directement répondre à la demande de certains agriculteurs de faire sur place toute la chaîne du travail à façon (découpe, emballage, fumage).

En accord avec la Municipalité, le groupe de travail a proposé que cette exploitation soit confiée à une coopérative, car elle favorise une responsabilisation maximale des utilisateurs (réactivité en cas de problème), le maintien de la vocation régionale de l’abattoir (élargie au-delà du Paysd’Enhaut), le maintien de la vocation collective de l’abattoir communal au service de divers bouchers (location du laboratoire équipé et de la chambre froide) et  la constitution d’un capital social utile au démarrage de l’activité.

Le groupe de travail du Parc naturel régional a donc présenté des variantes de budget d’exploitation, selon lesquelles il est possible de prévoir un équilibre financier, avant loyer, avec l’abattage annuel de 180 bovins, 225 porcs et 140 têtes de menu bétail. C’est sur la base de ces différents éléments qu’il a proposé la création d’une coopérative.

L’assemblée a en outre été informée que, grâce à l’action des bouchers du groupe de travail, une collecte séparée des déchets carnés et des déchets de boucherie a été mise en place et que, depuis le 1er janvier 2017, les déchets de boucherie sont facturés 25 ct par kg à tous les remettants de (au lieu de 40 ct par kg dans l’arrondissement du Pays-d’Enhaut, respectivement 95 ct par kg hors arrondissement).

Suite à une discussion ayant permis d’apporter différentes clarifications et prendre note de diverses suggestions remerciements ont été adressés à tous les membres des deux groupes de travail ayant travaillé sur ce dossier, avec une mention particulière à Michel Combremont qui s’est battu avec beaucoup de persévérance pour cet abattoir des Moulins.

La société coopérative de l’abattoir régional Gruyère Pays-d’Enhaut Ormonts a ensuite été créée, avec 51 souscripteurs fondateurs, réunissant 68 parts sociales à 300.-. Steeve Daenzer, Les Moulins, a été élu président, avec un comité formé de Anne-Isabelle Mottier, L’Etivaz, Sébastien Henchoz, La Comballaz, Pascal Tercier, Charmey, et Stéphane Henchoz, Municipal à Château-d’Oex. Des résultats encourageant pour ce comité qui prévoit de reprendre l’exploitation de l’abattoir des Moulins au premier septembre, après la réalisation des travaux par la commune, l’engagement d’un boucher et la mise en place de la gestion de la coopérative. L’adhésion à la coopérative est possible en tout temps, les bulletins de souscriptions sont disponibles auprès du comité ou du Parc naturel régional, de même que sur www.gruyerepaysdenhaut.ch

Photo: Le comité de la nouvelle coopérative : Steeve Daenzer, président, Anne-Isabelle Mottier, Pascal Tercier, Sébastien Henchoz, et Stéphane Henchoz

 

 

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