Des scieurs de père en fils
Scierie-Blum_web Grâce à l’expérience et au savoir-faire de son père, Jean-Philippe Blum reprend la scierie familiale de Gérignoz dans de bonnes conditions.C’est aussi une bonne chose pour l’économie forestière locale.

Article de Claude Henchoz paru dans l’Agri du 18 septembre 2015.
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En 1952, le grand-père Philippe Blum devient propriétaire de la scierie de Gérignoz dans le Pays-d’Enhaut. Les affaires vont bien; dix-neuf ans plus tard, le fils Jean-Louis fait le choix de travailler avec son père. En 1971, on construit deux halles de débitage à proximité de la scierie et on achète un élévateur: une révolution. Cela permettra de servir notamment leur plus gros client à La Côte, à qui ils livreront chaque semaine durant des années un camion de planches triées par qualité.

En 1986, Jean-Louis reprend la scierie qu’il exploitera durant vingt-neuf ans. Il se réjouit de remettre cette année à son fils Jean-Philippe une entreprise qui occupe entre deux et six personnes
selon les saisons.

L’inspecteur forestier, le garde-forestier et le propriétaire de la forêt choisissent et marquent les plantes qui seront abattues durant l’hiver. Le scieur visite les marquages et fait des offres d’achat avant l’abattage. Débardés et écorcés, les billons sont transportés à la scierie. Débute alors le sciage des billes de 4 à 5 mètres de longueur, environ 800 m3/an, ce qui donne 400 m3 en planches, plateaux et carrelets. C’est le travail de l’hiver pour une équipe de trois personnes dont deux auxiliaires, le plus souvent des agriculteurs qui disposent de temps «entre les gouvernages». Les planches mises en paquets sont empilées avec l’élévateur pour en faire des piles d’environ 5,50 mètres de hauteur; elles sècheront durant l’hiver.

Sur commande, dès le mois de mai commence le débitage. Les planches sont reprises une à une pour être délignées, triées par qualité, rabotées rainé-crêtées. L’oeil du scieur détermine la destinée de chaque planche; il repère quelles seront celles pour la menuiserie (qualité nette de noeuds), la qualité rabotable (noeuds sains de maximum 3 à 4 centimètres, c’est-à-dire liés à la planche) utilisée en boiserie intérieure-extérieure. Les planches de moindre qualité (troisième choix) sont utilisables pour des lambrissages non visibles,et celles avec des noeuds noirs conviennent pour les lambourdes.

Chaque année, entre 10000 et 20000 m3 de bois sur pied sont exploités au Pays-d’Enhaut. C’est entre 1000 et 1250 mètres d’altitude, surtout au revers, que les forêts produisent le meilleur bois. Les plantes sont longues, peu coniques, avec une croissance lente, donc avec un veinage serré et régulier. Ces qualités sont idéales pour le bois de premier choix destiné notamment pour les fenêtres. Grâce à cette qualité les beaux lots bénéficient d’un prix payé par le scieur jusqu’à 50% au-dessus de la moyenne, estimée pour l’instant à environ 100 francs le mètre cube. Le Pays-d’Enhaut compte trois scieries privées qui traitent chacune 800 à 1000 m3 de bois en grumes par an, ainsi qu’une scierie qui fait uniquement du travail à façon.

Jean-Philippe a pris l’initiative de tester une petite granuleuse pour mettre en valeur la sciure en fabricant des pellets vendus en bidons. L’expérience prometteuse pourrait déboucher sur une installation plus importante d’une capacité d’environ 100 tonnes par an. Les déchets de scierie pourraient ainsi être judicieusement valorisés. Cela fait des années qu’on prépare aussi du bois de feu.

Jusqu’à l’année dernière, le couple et les enfants habitaient au-dessus de Rossinière au chalet du Mont-Dessous. Laetitia y était la cheville ouvrière de la production des plantes aromatiques
et médicinales du Jardin des Monts (lire Agri du 31 juillet 2015, page 12), tandis que Jean-Philippe s’occupait du bétail et des fromages de chèvre Tchivra dont il a mis au point les recettes.

Avec le retour à Gérignoz, la famille apprécie d’habiter plus près de l’école, surtout en hiver! Laetitia poursuit son activité à temps partiel comme responsable de la production de la gamme Jardin des Monts.

 

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